L’écaille, plus précieuse que l’or
Ils ne sont plus que trois en France à exercer sa spécialité, quarante-trois seulement dans le monde. Daniel Bernard est écailliste. Do not confondre avec l’écailler, qui ouvre les huîtres, et l’écailleur qui gratte le poisson : lui travaille l’écaille. Et en fait des objets intimistes et uniques : montures de lunettes, boutons de manchettes… Gros plan sur une spécialité strictement règlementée.
Ils sont quarante-trois dans le monde, dont quarante au Japon. Quarante-trois artisans autorisés à travailler l’écaille de tortue, matière rare protégée par la Convention de Washington en 1974. Pourquoi une telle proportion de spécialistes japonais ? Parce que le pays du Soleil Levant a mis vingt ans à signer ladite convention, laissant le temps à ses ressortissants de constituer un stock aujourd’hui irréalisable. Au fil des années, l’extrême rareté du produit et l’interdiction de son commerce ont amené les quelques pays qui en pratiquaient l’artisanat à l’abandonner, et l’écaille, notamment sous sa forme la plus connue des lunettes, est devenue le produit exceptionnel qu’il est aujourd’hui.
Des caractéristiques exceptionnelles
Mais qu’en est-il exactement de ce caractère exceptionnel ? Ne tient-il qu’à la rareté de la matière première ? Les tarifs prohibitifs des montures en écaille, qui les réservent à une infime minorité, font que bien peu de personnes savent leurs autres caractéristiques. Qui sont pourtant fondamentales. D’abord, l’écaille est extrêmement légère. Au-delà de l’imaginable : une monture ne pèse guère qu’une quinzaine de grammes ! Concrètement, cela signifie qu’avec les verres que produit aujourd’hui l’industrie optique, on ne sent pas une paire que l’on porte. Elle présente ensuite la particularité de s’adapter à la température de la peau : jamais de sensation de chaud ou de froid en se mettant des lunettes en écaille sur le nez. Elle est aussi totalement anallergique : il n’existe dans le monde aucune allergie connue à son contact, et elle présente la caractéristique unique d’accepter l’autogreffe, ce qui au-delà du processus de fabrication permet au besoin de réparer strictement à l’identique une paire qui aurait été abîmée, sans aucune trace de colle, marque ou fêlure, souvenir de l’accident. Enfin, sa manière de prendre et refléter la lumière est unique et permet aux connaisseurs d’identifier une paire qu’ils croisent dans la rue ou à une réception.
Travaillée depuis l’Antiquité
Avant de devenir le produit rare que l’on sait, l’écaille a été travaillée depuis l’Antiquité.
« Il a trouvé quelque part une tortue morte, et il en a fabriqué un instrument » fait dire à Apollon (parlant de Mercure) Lucien de Samosate, l’un des pères de l’esprit critique, dans Le dialogue des Dieux, au deuxième siècle après J.C. Avant lui, Virgile et Ovide déjà avaient décrit des meubles incrustés d’écaille de tortue. Le Moyen Age nous a légué plusieurs pièces prouvant que le travail de l’écaille s’étendait alors jusqu’en Asie, comme les pièces d’apparat polynésiennes et les diverses cannes et boîtes du trésor Shoso-in au VIIIème siècle. Pour autant, la matière et sa technique sont alors totalement inconnues en Europe. Il faudra attendre le XVIème siècle et les grands navigateurs portugais pour la voir ramenée des expéditions lointaines et introduite en Occident. Par un heureux hasard chronologique, les écailles de tortue y apparaissent alors que la Renaissance bouleverse l’Histoire européenne et soutient l’inventivité et le talent des artisans. Ce ne sera pas superflu, les écailles étant ramenées sans mode d’emploi : les spécialistes considèrent aujourd’hui qu’il a fallu une cinquantaine d’années aux artisans de tous bords pour domestiquer à leur tour cette matière venue du bout du monde, qu’ils maîtrisent parfaitement lorsque la France entre dans le Grand Siècle. Le premier atelier spécialisé japonais, à Nagasaki, voit le jour à la même époque.
En remplaçant les lourds meubles de chêne massif des siècles précédents par des pièces plus légères et raffinées, la révolution de l’ameublement du XVIIème siècle invente une esthétique nouvelle et fait la part belle aux cabinets de laque ou d’ébène relevés d’incrustations de nacre et d’écaille. Ce faisant, elle impose à ses artisans d’adapter leur savoir-faire aux techniques de leurs lointains coreligionnaires : faire rêver l’élite est à ce prix. A Paris l’ébéniste royal André-Charles Boulle pousse l’art de la marqueterie emprunté aux Florentins à son paroxysme, en perfectionne les applications et livre tout au long de sa carrière exceptionnellement longue bon nombre de chefs d’œuvre.
La tortue grandit dans les mangroves jusqu’à 17 ou 18 ans.
Une fois adulte elle part dans l’océan,
où elle peut vivre jusqu’à 120 ans
L’art de l’écaille n’a cependant pas encore atteint son acmé : il faudra pour cela attendre le XIXème siècle et la découverte des capacités d’autogreffe de la matière, qui ouvrent immédiatement le champ des possibles en permettant de travailler l’écaille dans la masse. La voici utilisée pour faire des lunettes, des peignes, des fume-cigarettes…
Même si elle reste toujours confidentielle, le XXème siècle la voit se développer, un nombre croissant d’artisans acquérant auprès des Anciens les connaissances nécessaires à son travail. Avant la première guerre mondiale, l’Espagne, l’Italie, l’Angleterre et la France disposent d’écaillistes de qualité. On en comptera jusqu’à deux cents dans l’Hexagone. Ils ne sont plus que trois aujourd’hui.
43 écaillistes dans le monde, 3 en France
Qu’est-ce qui amène un jeune homme à vouloir devenir écailliste ? Le métier est méconnu et ne surfe pas sur une vague déferlante. Il nécessite des années et des années d’apprentissage et, plus compliqué : une formation assurée par un professionnel expérimenté. Une sorte de quadrature du cercle dans notre pays, qui avant l’installation de Daniel Bernard, n’en comptait que… deux ! Ensuite, faut-il encore que l’impétrant ait le talent et la patience nécessaire à faire et refaire ses gammes, de longues années durant. Voilà pourquoi le métier est exceptionnel, et voilà pourquoi l’installation d’un jeune artisan écailliste est un événement pour tous les amateurs du genre.
Le maître de Daniel Bernard fut Christian Bonnet, lunetier de père en fils depuis trois générations. Les deux hommes se rencontrent par hasard, alors que le premier cherche un photographe pour faire des photos de ses objets avant et après restauration. Ami de l’un des deux fils de l’artisan, Daniel est passionné de photographie et réalise la série. Lorsqu’il ramène les pièces photographiées à l’atelier, la conversation quitte vite les clichés pour se concentrer sur le métier d’écailliste et son savoir-faire. Elle dure des heures et le jeune homme en sort en s’étant découvert une nouvelle passion. Aussi lorsque Christian Bonnet lui apprend plus tard qu’il va être élevé au rang de Maître d’Art par le Ministère de la Culture, mais que cette distinction nécessitant de former un élève il lui faut trouver celui-ci, sa décision est vite prise. Il abandonne son travail, rend son appartement, vend sa voiture, retourne vivre chez ses parents et entreprend sa formation. On ne parle pas d’apprenti dans cette spécialité : le terme exact du disciple en formation est « élève de Maître d’Art », sa formation étant subventionnée pendant six ans par le Ministère de la Culture dans le cadre de la préservation du patrimoine en voie de disparition. Trop méconnu, le « Maître d’Art » français est l’équivalent du « Trésor vivant » japonais, ils sont aujourd’hui 213 en France à avoir été honorés de cette distinction et représentent des professions en voie de disparition ou requérant un savoir-faire tellement spécifique qu’il faut le préserver. Une spécificité louable puisque alors que les autres pays européens signataires de la Convention de Washington indemnisaient leurs artisans pour qu’ils arrêtent de travailler, nous les aidions au contraire à préserver notre patrimoine artisanal. Une démarche visionnaire puisque même les écaillistes italiens qui étaient très talentueux et ont mis au point la technique de l’autogreffe au XVIIIème, ont disparu.
Les tortues sont beaucoup plus victimes de la pêche que du braconnage.
Et aussi des sacs en plastique, qu’elles prennent pour des méduses dont elles se nourrissent,
et avec lesquels elles s’étouffent
Auprès du Maître, Daniel Bernard va apprendre le métier durant quinze ans avant de s’installer lui-même à son compte, devenant le troisième écailliste de France. Aussi est-ce le plus jeune écailliste du monde, et peut-être le dernier Français, qui nous a à son tour raconté le charme de son drôle de métier.
Treize feuilles d’écaille pour la tortue caret, qui vit 120 ans
Dandy : Existe-t-il des caractéristiques différenciant les écaillistes, une marque de fabrique comme le style pour un tailleur ou un bottier ?
Daniel Bernard : « Non : nous faisons tous le même travail. La seule différence pour ce qui me concerne est que je ne travaille que l’écaille véritable, alors que mes deux confrères font de l’écaille, de la corne et de l’acétate. Et que je ne fais pas que des lunettes, mais aussi d’autres pièces.
La Convention de Washington vous interdit d’acheter de l’écaille. Concrètement, comment travaillez-vous ?
J’ai eu la chance de pouvoir acheter un stock importé avant 1974, donc légal, et je travaille avec lui. Concrètement, on ne peut plus acheter d’écaille aujourd’hui. La règle est que l’on n’a plus le droit d’en importer, d’en exporter et d’en commercialiser, sauf autorisation de travail. Je n’ai donc même pas le droit d’importer de l’écaille qui serait disponible à la Martinique, qui est pourtant un Territoire d’Outre-Mer, parce que la Convention stipule que l’on n’a pas le droit de faire passer la matière par les eaux territoriales internationales.
Et le Japon n’a pas les mêmes contraintes que vous ?
Si, mais ils n’ont signé qu’en 1994 la Convention de Washington, que les autres pays ont ratifiée en 1974. Entre temps ils ont acheté toute l’écaille qu’ils pouvaient, notamment à Cuba avec qui ils ont des accords commerciaux. Et ils ont aussi des eaux territoriales dans lesquelles on sait leur conception de la préservation de l’environnement. Ils ont donc beaucoup de stock.
Depuis 1974, la tortue marine est classée en annexe 1 de la Convention de Washington, qui signifie que c’est une espèce en voie d’extinction. Fait-elle aujourd’hui l’objet de braconnage ?
Non : elles sont beaucoup plus victimes de la pêche actuelle, qui utilise des filets dérivants de 200 km de long, dans lesquels elles meurent si elles s’y trouvent prises. Il y a aussi des mères qui meurent sur les plages après avoir pondu, et toutes celles qui meurent en mer parce que les tortues confondent les sacs plastique avec les méduses, dont elles se nourrissent, et s’étouffent avec… On est plutôt sur ce genre de problématique pour la mortalité de la tortue que sur un problème de braconnage. Il faut savoir aussi que les Cubains ont toujours une autorisation de pêche de tortue, dont la consommation comme viande fait partie de leur tradition, de même en Nouvelle Calédonie dans la tradition kanak.
Ceci étant dit, les écailles proviennent aussi d’animaux morts : les gouvernements récupèrent les carapaces et les stockent, en espérant que la Convention de Washington en autorisera un jour de nouveau la vente… On sait ainsi qu’il y a des dizaines de tonnes à Cuba, mais si la Convention en autorisait la vente un jour, on sait aussi d’ores et déjà qui les achèterait : les Japonais, dont le gouvernement a déjà proposé plusieurs fois à Cuba de racheter son stock, principalement pour la préservation de leur patrimoine parce qu’il est de bon ton dans la tradition japonaise d’offrir un objet en écaille ou en ivoire lors des mariages.
D’un autre côté, comme toute convention écologique nécessaire pour les animaux, s’agissant des tortues la Convention de Washington a créé des déséquilibres en surprotégeant l’espèce, et l’on observe aujourd’hui une surpopulation de tortues dans certaines régions de la zone Caraïbe.
Existe-t-il des écailles de tortues de différentes espèces ?
Quand on parle d’écaille de tortue on ne parle que d’une seule espèce qui est la tortue caret (prononcer carète, ndlr), ou Eretmochelys imbracata : tortue imbriquée, dont la spécificité est que plus la tortue vieillit et grandit, plus ses écailles grandissent et épaississent. Les écailles des autres espèces grandissent mais ne s’épaississent pas : elles restent fines, alors que l’on a vu des spécimens de caret de cent ans qui avaient des épaisseurs d’écaille de 8 mm, ce qui est énorme.
Sa carapace est composée de treize feuilles d’écaille : les deux pointes, les quatre feuilles, les deux carrés et les cinq bustes. Plus la ceinture d’onglons (qui forment la ceinture tout autour de la carapace, ndlr), dont nous ne travaillons que les quatre derniers.
On comprend que l’intérêt pour nous est d’utiliser des écailles de tortues les plus vieilles possible.
Ne peut-on imaginer faire de l’élevage de tortues en France ?
C’est impossible. Des essais ont été faits à La Réunion mais cela a été un fiasco écologique parce que les tortues se cannibalisent entre elles. Ce sont des animaux qui font plusieurs fois de tour de la planète et on ne peut pas les mettre dans des bacs et les faire vivre ensemble : c’est un animal de totale liberté. Génétiquement la tortue est extraordinaire : sa vie est totalement programmée. Quand la mère pond sur une plage, c’est déjà parce qu’elle est née là. Ensuite, lorsque le bébé éclot de son œuf, il est programmé pour nager pendant trois jours non-stop, afin d’aller le plus loin possible. Ensuite il se repose un peu et cherche des mangroves pour se nourrir jusqu’à la fin de son adolescence : c’est un animal totalement indépendant depuis son premier jour, la mère n’assurant que la ponte. Durant toute sa croissance, la tortue se nourrit dans les mangroves où elle vit et grandit jusque 17 ou 18 ans. Ensuite, une fois adulte elle commence son voyage pour la reproduction et part dans l’océan. Et depuis sa naissance jusqu’à l’âge adulte elle affronte des tas de prédateurs, c’est pourquoi une tortue sur mille arrive à la mer, et ensuite une sur mille encore arrive à l’âge adulte.
Soit une tortue adulte sur un million de naissances ! On sait pourtant, nous l’avons vu nous-mêmes en visitant Tetiaroa (lire Dandy n°58), que lorsqu’il le peut l’homme protège les lieux de ponte et les naissances. Cela ne permet-il pas d’obtenir un meilleur pourcentage de survie ?
Non, parce que les pontes ont toujours lieu sur les plages, et la distance à la mer n’est donc jamais très longue. Mais le pourcentage est de un pour mille.
Quelles sont les zones où elles pondent ?
Elles nidifient principalement dans les mers chaudes : Caraïbes, Seychelles et dans l’océan Indien, surtout près du Sri Lanka. Il y a des écailles jaunes, marron clair, marron foncé…
La couleur de l’écaille dépend de l’alimentation de la tortue, et celle-ci étant différente d’une mer à une autre, on sait identifier d’où viennent les tortues à leur couleur : dans les Caraïbes elles sont plutôt jaune, miel et marron clair ; dans les Seychelles rouge, saumon, cerise et même noir ; et près de l’Afrique et au Sri Lanka : noir et jaune. Le prix de l’objet final dépend de la couleur : tout ce qui est très clair est plus cher parce que c’est ce qu’il y a de plus rare sur la tortue : le blond représente moins de 1%, et comme on n’en importe plus depuis 1974, vous imaginez les stocks.
De quoi se nourrissent-elles ?
On connaît mal leur régime alimentaire mais on sait qu’elles se nourrissent principalement d’éponges et de petits crustacés jusqu’à la fin de l’adolescence, puis en mer de méduses et toujours d’éponges et de crustacés.
La principale caractéristique de l’écaille de tortue est qu’elle s’autogreffe. Que cela signifie-t-il concrètement ?
Concrètement, que deux morceaux d’écaille mis l’un sur l’autre sous une certaine pression et à une certaine température, ne font plus qu’un seul morceau.
On parle donc là de l’épaisseur de la matière ?
Absolument : cette qualité nous permet de créer des épaisseurs, et de greffer les morceaux les uns aux autres pour créer une monture de lunettes, une barrette, une broche, tout ce que l’on veut ; le premier métier de l’écailliste est de savoir greffer la matière. Cela se fait extrêmement rapidement : en une vingtaine de minutes les deux morceaux sont greffés, et indissociables : le morceau ne fait plus qu’un.
Vous intervenez donc sur la couleur finale en juxtaposant plusieurs couches ?
Exact : la couleur que l’on obtient au final dépend des couleurs des morceaux que l’on a greffés les uns avec les autres. Ce sont les associations de couleurs faites par l’écailliste qui feront qu’une paire de lunettes sera bien appariée (le fait de croiser une tache blonde sur une autre blonde, pour que cela ressorte, ou au contraire une tache cerise sur une tache blonde pour faire ressortir le rouge…). Le travail de l’appairage vient avant la greffe, et la sensibilité et le talent de l’artisan sont importants pour avoir un bel équilibre. Pour économiser la matière au maximum nous utilisons aujourd’hui des petits morceaux, ce qui nous permet aussi de réaliser plus facilement un équilibre dans la matière.
Et la fabrication des pièces proprement dites ?
Chez moi tout est fait 100% à la main : je n’ai pas de machine. Certains confrères utilisent des toupies, qui sont de grosses fraises installées sur une table : la monture est mise dans la toupie et découpée comme ça, pour ma part tout est fait à la lime et à la main.
S’agit-il d’un travail de longue haleine ?
Le temps passé tient à la complexité de la pièce. L’appairage et la greffe, avec toute sa préparation (on ne doit pas toucher les morceaux avec les doigts, parce que le sébum fait que ça ne greffe pas…) prennent plus de temps, parce que cela peut paraître simple vu de l’extérieur mais c’est très technique. Ensuite le façonnage n’est pas ce qui prend le plus de temps.
Externalisez-vous votre stock pour des raisons de sécurité ?
Oui, quoi qu’il n’y ait guère de risque de vol, parce que si vous trouviez une caisse d’écailles demain dans le grenier de votre grand-père, vous la mettriez à la poubelle parce que cela ne ressemble à rien : ce sont des feuilles de 30 cm qui font entre 0,5 et 0,7 cm d’épaisseur, toutes rayées par les coquillages, toutes vertes : sans le savoir-faire, cela ne vaut rien du tout !
Vous vous distinguez aussi de vos confrères en produisant des pièces autres que les montures de lunettes : boutons de manchettes, barrettes de col de chemise…
… bracelets, boucles d’oreilles, pendentifs, c’est à la demande parce que l’on peut appliquer l’écaille sur beaucoup d’objets. C’est une matière que l’on travaille en Europe depuis le XVIIème siècle, qui est tombée en désuétude sous Napoléon III avec l’ère de l’industrialisation, et qui est revenue à la mode dans les années 30 et 40 sous l’impulsion de grands architectes d’intérieur comme Ruhlmann et Leleu, qui l’ont remise au goût du jour. Mon souhait est d’inscrire l’écaille dans son époque.
C’est-à-dire la rendre contemporaine ?
Je suis Elève de Maître d’Art, ce qui signifie que j’ai été reconnu par le Ministère de la Culture pour la préservation du patrimoine en voie de disparition. Nous avons été subventionnés pour pérenniser ce savoir-faire, et mon idée est de ne pas couper la trajectoire de l’écaille depuis le XVIIème : de l’inscrire dans son époque. Bien sûr il n’est pas question de refabriquer aujourd’hui tout ce qu’il l’a été hier, mais de sortir une ou deux pièces exceptionnelles de temps en temps, pour continuer de faire vivre le matériau et l’inscrire dans son époque : des pièces contemporaines en écaille. »
Affaire à suivre donc…